en Nouvelle-France
1665~1671
Ce régiment
est le résultat de la fusion des régiments de Carignan et
de Salière, en 1659, sous le commandement de Henri Chastelard de
Salière.
Le régiment
de Carignan était couvert de gloire, avant son arrivée en
Nouvelle-France, grâce au succès qu'il obtint lors de la guerre
contre les Turcs. Les soldats qui composaient ce régiment étaient
donc des Croisés. Ils participa à de nombreux combats et
après la paix des Pyrénées, en 1659, le prince de
Carignan en dit cadeau au grand roi Louis XIV. De là il fut intégré
à l'armée régulière.
Ce régiment
fut levé en France par le prince Thomas Emmanuel Pierre de Savoie,
prince de Carignan. C'est de là que vient le nom de ces célèbres
troupes. Il avait pour noyau la compagnie des gardes de ce réputé
prince.
Le régiment
de Carignan-Salière, qui compte douze cent soldats, embarqués
à La Rochelle, arrive à Québec au mois de mai 1665.
C'est le premier envoi de troupes royales au Canada.
Il comprend
vingt compagnies et chacune d'elles se compose de trois officiers - un
capitaine, un lieutenant et un enseigne -, de deux sergents, de trois caporaux,
de cinq anspessades et de quarante soldats dont au moins un sert de tambour.
Quatre autres
compagnies tirées des régiments de Lignières, Chambellé,
Poitou et Orléans provenant des Antilles viennent également
à Québec avec le Marquis de Tracy, nouveau gouverneur général.
Si l'on considère
que la colonie compte quelque 3200 habitants, l'arrivée de quelque
1 200 soldats et d'environ 80 officiers a un impact extraordinaire sur
le développement de la colonie. Le 18 juin, le 19 août et
le 12 septembre, huit autres compagnies viennent renforcer les troupes
royales.
Un tel corps
de troupes au Canada change complètement la situation militaire
jusqu'alors précaire de la colonie. On peut enfin pourvoir les villes
de garnisons convenables et construire de nouveaux forts dans le but de
bloquer le Richelieu, route traditionnelle des Iroquois. En quelques semaines,
on passe de l'attitude défensive, nécessaire depuis près
d'un quart de siècle, à une nouvelle tactique : attaquer
les Iroquois chez eux.
Ces campagnes
sont efficaces et la paix est signée en juillet 1667. Le régiment
est alors licencié et retourna en France sauf quelques 400 soldats
et 30 officiers.
À la
mission militaire des soldats du roi se juxtapose une mission de colonisation.
On incite les soldats "à demeurer dans le pays" en leur procurant
les moyens de s'y établir. On offre même des seigneuries aux
officiers et plusieurs se laissent tenter. On estime qu'en 1667-1668, 30
officiers, 12 sergents et 404 soldats se prévalent de l'offre. Le
roi accorda une allocation de 150 livres aux sergents et 100 livres aux
soldats, qui avaient décidé de demeurer en Nouvelle-France.
C'est ainsi que l'on retrouve les seigneuries de Contrecoeur, St-Ours,
Verchères, Chambly, Sorel et Lavaltrie, désignées
sous le nom de l'officier.
Ils seront plusieurs
à épouser des filles du roi. Leur progéniture sera
nombreuse; une bonne partie des Canadiens français d'aujourd'hui
comptent des soldats du régiment de Carignan-Salière parmi
leurs ancêtres.
Le régiment
de Carignan-Salière n'est pas alors totalement dissout, car on garde
sur pied 4 compagnies de 75 hommes chacune, tandis que les autres soldats
du régiment rentrent en France. Néanmoins, en 1671, on décide
de licencier ces 4 troupes, enjoignant les officiers à ne pas revenir
en France et à encourager "fortement tous leurs soldats à
travailler au défrichement et à la culture des terres". Cette
décision, favorable au peuplement, élimine cependant presque
toute la garnison du Canada.